Nature Publié le 15/06/2020
Nous n’imaginons pas notre lieu de résidence comme un lieu de vacances. Nous cherchons ailleurs ce qui est parfois sous nos yeux. Ce fut mon cas ! C’est ainsi que je suis partie à la découverte de la vallée de la Valserine, au rythme des sabots d’un âne.
Laissez-moi vous conter l’histoire de cette parenthèse enchantée au coeur de la Valserine. Une semaine de randonnée itinérante en demi-pension avec comme compagnon de voyage : un âne. Avec lui, nous sommes partis à la découverte des merveilles de notre territoire. Pendant cette aventure, la notion de temps et d’espace n’existe plus. Abandonnez tout, le numérique, la technologie, le brouhaha de la vie quotidienne et le temps qui vous échappe. Il y a seulement vous, l’âne et la nature.
Juin 2019, dans le Jura …
Déjà 3 jours de randonnée et 40 km parcourus, au départ de la Pesse en passant par les Moussières et Bellecombe ; 3 jours à cheminer dans les paysages jurassiens, celui des hauts plateaux, à découvrir la gastronomie locale et la gentillesse des hébergeurs ; 3 jours à vivre, à dorloter et à faire connaissance avec l’âne Arlequin.
Des Platières (Bellecombe-Jura), le Petit Montrond semble accessible de suite avec un paysage vallonnée fait de forêts, de plateaux et de prairies. Rien ne laisse entrevoir une longue vallée étroite où coule une rivière sauvage la Valserine, barrière naturelle entre l’Ain et le Jura. C’est pourtant vers elle que vous descendez inexorablement, 600 mètres de dénivelé négatif à travers la forêt.
Aux portes de la Valserine
Une halte s’impose avant d’attaquer la Valserine sauvage. La chambre d’hôtes La Pomme de Pin (fermée depuis), à Lélex, accueille aussi bien les randonneurs, les cyclistes, les motards que les ânes. Hors saison, les hébergeurs proposent la demi-pension, le délicieux dîner est pris dans l’espace salon/salle à manger dédié aux hôtes. Il y a même un frigo pour entreposer les mets achetés au Sherpa qui serviront au pique-nique du lendemain. Arlequin quant à lui broute tranquillement dans son enclos et en friandise du soir : une carotte.
Au coeur de la Valserine, 14 km entre Lélex et Chézery-Forens
Quittant le coeur de Lélex, le sentier mène vers la rivière, d’abord invisible mais bien présente aux oreilles. La rivière gronde en ce début d’été. Il ne reste plus que la forêt, la rivière et Arlequin. Malgré la fraîcheur du matin, quelques coups de chaud impromptus réchauffent l’ambiance comme un arbre couché en plein milieu du chemin ou un sol tapis de feuilles mortes, nos pas et nos sabots s’enfoncent mais dans combien 1, 10, 20 cm alors imaginez-vous en descente. Mais ça vaut le détour la forêt est splendide, quelques ponts enjambent la rivière comme le pont de Roufy ou le pont du diable en pierre, lieu magique où la roche et la rivière cohabitent dans un espace restreint.
Après une matinée, seuls dans cette forêt, retour à la réalité : d’un côté des ouvriers en plein travail et de l’autre les habitants profitant des espaces dégagés pour pique-niquer à la fraîcheur de la rivière car le soleil est brûlant en ce mois de juin caniculaire ou tout simplement profiter d’être ensemble, de rire et de se forger des souvenirs.
La randonnée se termine à Chézery-Forens en surplombant la rivière. Halte du jour à l’hôtel restaurant Le relais des moines, vieille bâtisse chargée d’histoire qui a toujours eu à coeur d’accueillir les pèlerins puis les voyageurs. En amenant Arlequin à son pré du soir, un autre bâtiment interpelle “Gare du Tram”, fort heureusement un panneau est là pour tout expliquer. Mais à vous de le découvrir. Sachez juste que c’est un petit village qui a eu une activité dense.
Avis aux gourmands et gourmandes
Pour le pique-nique du lendemain, plusieurs boutiques : la petite épicerie du village, la boulangerie à quelques pas de l’hébergement et encore plus loin mais pas assez pour décourager les gourmands : la fromagerie de l’Abbaye. Seul bémol quand vous randonnez en itinérance, vous ne pouvez pas dévaliser la boutique. Snif !!! Alors allons à l’essentiel : saucisse fumée et tomme. Bref le pique-nique idéal charcuterie-fromage mais avec des produits locaux de qualité. Parés pour attaquer la 5ème journée de marche.
Dernier regard sur la Valserine, 14 km, 1000 m de dénivelé positif entre Chézery-Forens et Giron
Progressant dans cette vallée de la Valserine jusqu’au Pont du Dragon, le nom est intrigant, le lieu encore plus. Pont mystérieux qui enjambe la Valserine tour à tour sauvage et impétueuse ou calme et silencieuse. Pont en pierre situé dans un cadre exceptionnel avec falaises et site d’escalade, gorges, ancienne usine hydroélectrique avec sa passe à poissons ou encore vestiges d’une guérite des douaniers.
A voir l’allure et la cadence d’Arlequin, on pourrait croire que le sentier est plat mais bien au contraire il grimpe sec jusqu’à la départementale. Puis vue sur Champfromier, le sentier y menant est en balcon et permet de voir un élargissement de la vallée de la Valserine. Traversée du village avec des haltes à chaque fontaine pour se rafraîchir.
Dernier effort avant le Jura
Avant l’ultime grosse montée de la journée qui nous ramènera vers les hauts plateaux jurassiens, pause pique-nique. Arlequin a lui aussi droit à son moment de repos, en plus d’avoir enlever les sacoches, le bât fut ôté. Il est libre de tout mouvement et il s’en donne à coeur joie. Parfois, il se roule dans la terre les 4 fers en l’air puis se pose quelques instants pour repartir de plus belle. Il faudra bien le brosser avant de remettre son bât et les sacoches pour l’après-midi. Mais en attendant, profitons de ces moments de joie qui deviennent de beaux souvenirs.
Nous n’avons pas le choix en randonnée itinérante, il faut rejoindre l’étape du soir qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse une chaleur caniculaire comme en ce moment. A l’ombre des quelques arbres du parcours, nous prenons le temps de jeter les derniers coups d’oeil à la vallée de la Valserine, à ce changement de végétations et d’arbres très significatifs. Passez le col “le pas du boeuf”, retour sur les hauts plateaux jurassiens. Encore quelques kilomètres pour arriver à l’étape La grange de l’errance à Giron.
Bientôt un retour à la vie trépidante
Plus que 2 jours soit 30 km environ où je vais pouvoir profiter d’Arlequin et de sa compagnie ; où je vais parcourir des paysages grandioses comme la Roche Fauconnière, les Roches d’Orvaz ou la croix des couloirs ; et surtout 2 jours où je vais faire le plein de souvenirs. La tête et le corps sont présents à la randonnée mais le cœur se charge d’émotions !
Beaucoup de souvenirs à décrire en si peu de mots. Alors vivez l’aventure en journée ou en itinérance ! Qu’elle se fasse à pied, à vélo ou avec un âne, profitez de la Valserine et du Jura voisin.
Organisation : Jura rando
Location d’ânes : Vu d’en haut
Autres hébergeurs : Les Loges du Coinchet et le Gîte les Adrets