Nature Publié le 15/06/2020
Il est 7h, ce jeudi matin, au Col de la Faucille. Sur les pistes, nous rencontrons Vincent, 24 ans, dameur dans la station Monts Jura, au volant de sa machine. Pour nous, l’heure est quelque peu matinale, mais il en est rien à comparer de l’heure à laquelle Vincent et Stéphane commencent… Aujourd’hui, c’est 2 heures. Aïe, on ravale notre fatigue, la motivation est bien présente, nous sommes parées à découvrir ce métier méconnu pour grand nombre d’entre nous, dont vous faites peut-être partie … Allez, suivez-nous !
Le dama quoi?
À l’arrêt, face à nous, la dameuse nous paraît colossale, impressionnante avec ses grosses chenilles… C’est donc cet engin qui permet de damer les pistes. Mais concrètement en quoi cela consiste-t-il ? Et bien la dameuse permet d’améliorer la neige pour que vous, fondus, puissiez pratiquer vos sports de glisse préférés : ski, snowboard … en toute sécurité.
La sécurité, c’est un point important dans ce métier car la surface de la piste doit être irréprochable. La moindre imperfection peut vous envoyer dans les arbres à pleine vitesse.
On peut donc dire que votre vie repose entre les mains des dameurs !
Après quelques hésitations mais aussi quelques difficultés à monter, nous sommes installées et surtout prêtes à vivre une expérience unique !
Une passion avant tout
L’intérieur est confortable, il y a le chauffage et la radio comme dans une voiture classique. Nous commençons à discuter, Vincent nous confie alors que c’est sa 5ème saison à Monts Jura. Il rêvait de pouvoir être dameur. Il avait alors postulé auprès de toutes les stations de France et c’est Monts Jura qui l’a choisi. Depuis, chaque année, il revient avec plaisir. Il n’y a pas de formations ou d’études spécifiques pour devenir dameur : on apprend à conduire l’engin et le tour est joué. Dameur, c’est un métier passion ! Stéphane, 36 ans en est la preuve vivante. Son père était dameur avant lui et lui a transmis cet amour du métier. Il en est à sa 16ème année.
Un travail bien orchestré
Dans la station Monts Jura, il y a 11 dameuses, réparties sur les différents domaines skiables. Les plus grandes stations des Alpes envient même ce beau palmarès. Au Col de la Faucille, il y en a trois : une petite dameuse, une dameuse de taille standard et une dameuse avec un treuil.
Vincent conduit la dameuse standard et Stéphane la dameuse avec treuil. La dameuse standard va damer les pistes vertes et bleues tandis que la dameuse avec treuil travaillera des pistes plus pentues telles que les rouges ou les noires. Le treuil permet de tracter la dameuse pour éviter que celle-ci puisse se retourner en plein travail. Vincent et Stéphane ont donc chacun leur parcours à faire et se croiseront à certaines occasions. Ils dament les pistes 7h, et font des pauses régulières. Aujourd’hui ça sera de 2h à 9h du matin. Mais il n’en est pas toujours ainsi. En effet, leurs heures de travail dépendent de Dame nature : s’il fait doux, ils dament le soir de 17h à 1h du matin. S’il neige le matin, comme c’est le cas aujourd’hui, ils dament à partir d’1h afin de tasser la neige et de rendre les pistes praticables.
À nous les pistes et le silence …
Auprès de Vincent, puis de Stéphane (car oui, nous avons essayé deux dameuses), nous grimpons et descendons les pistes et traversons les forêts saupoudrées de blanc. Puis arrivant à hauteur du Petit Mont Rond, nous observons le lever du soleil ! Le spectacle est incroyable face au Mont Blanc ! Et dire qu’ils le contemplent tous les jours ou presque. Nous ne pouvons nous empêcher de nous arrêter, prendre une photo, regarder et écouter ce silence … Il est 7h30 et nous sommes les rois du monde.
Nous reprenons le travail et damons toujours plus de pistes. Au détour d’une descente, nous croisons un randonneur en raquettes. Pourtant, la station n’est pas ouverte, nous devrions être seuls… Stéphane nous explique alors que cela est monnaie courante, voire quotidien de voir des skieurs ou randonneurs le matin ou le soir sur les pistes, inconscients du danger qui les attendent… Avis à vous, baroudeurs, vous risquez votre vie et vous empêchez les dameurs de faire leur travail !
Il est 9h, des étoiles plein les yeux, nous rentrons au hangar où sont stationnées les machines, reconnaissantes d’avoir vécu un moment hors du temps, loin de tout et de tout le monde. Nous quittons nos deux collègues d’une matinée, les remercions 1000 fois pour cette chance qu’ils nous ont fait vivre et leur souhaitons également une bonne nuit.
Petit à petit, le Col de la Faucille s’anime, les skieurs attendent aux remontées mécaniques, des cris d’enfants se font entendre… Tous sont inconscients du travail accompli il y a quelques heures à peine …
Lorsque vous viendrez en station, ayez une petite pensée pour ces hommes de l’ombre qui contribuent à vos belles descentes ! Sans eux, tout ceci ne serait pas possible, Merci !